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Quoi ne pas dire dans la salle d’attente de gastroscopie


En cette méga-crise d’arthrose, pourquoi pas en profiter pour vous raconter ce test que j’ai passé y a un peu plus d’une semaine? J’ai dit dans le dernier article que les rendez-vous, les tests et traitements se bousculaient ces temps-ci (j’ai atteint la dizaine en un mois, un record!), ce qui explique le délai.

Ce coup-ci c’était la gastroscopie. Ce test où on avale un tube avec une caméra au bout. Que le gastro-entérologue m’envoyait passer principalement pour éliminer les doutes d’ulcère ou d’inflammation, vu mes symptômes… même si ces symptômes sont plus probablements reliés simplement à la gastroparésie, d’abord suspectée par mon généticien… vu que c’est très courant avec le syndrome d’Ehlers-Danlos.

Alors… on arrive à l’hôpital, à jeûn, sans boire ni manger depuis minuit.
Et dès la porte d’entrée, c’est placardé partout : « Nous vivons une éclosion de gastro-entérite, assurez-vous de bien vous lavez les mains et les visites sont limitées. » Sincèrement, ça m’a plus inquiété que l’examen à venir, avec mon système immunitaire de souris.

Je me présente à la salle prévue, on me donne deux jaquettes (une pour devant, une pour derrière), on m’indique d’enlever tous tous tous les bijoux, même mon bracelet médical (que le préposé m’aide à enlever… j’ai vu plus tard une affiche qui disait de GARDER LES BRACELETS MÉDICAUX, bravo.), on m’installe un bracelet d’identification de l’hôpital, en plastique… on me dit d’enlever mes vêtements « du haut », je peux garder mes pantalons… on me donne des pantoufles bleues en papier : je dois enlever mes chaussures aussi… on me donne un sac de plastique et on me dit de placer mes choses à l’intérieur, et de placer ça, et mon sac à main, dans un casier et de garder la clé.

Je me change, place mes trucs dans un casier, et je m’assois dans la salle d’attente…
Où, en passant, seuls les patients sont admis. Pas de parents, pas d’amis. Et tous nos trucs dans les casiers. Donc pas de distraction.

Il y a des revues sur une table… mais une éclosion de gastro. Je n’y toucherais déjà pas en temps normal, y a rien de pire pour la propagation des microbes que les revues des salles d’attente!

Le médecin m’avait dit : c’est que 5 minutes!

…Ouais.

Il avait oublié de me prévenir que j’attendrais 90 minutes avant le fichu examen!!!

UNE HEURE ET DEMIE À REGARDER LE VIDE.

Ah, mais y avait une distraction.
Une complète imbécile qui ne connaît pas le « code ».
Le code de ce qu’on ne dit pas dans une salle d’attente, par égard aux autres.

C’est sûr, j’ai l’expérience. Et je suis du genre à penser aux autres.

Les examens, même les pires, ne m’inquiètent pas. J’ai eu des chirurgies, des injections dans les articulations… j’endure, ça passe.

Mais je comprends qu’il y en a pour qui la vue du sang dérange. Pour qui voir une aiguille donne des chaleurs. Pour qui la simple idée de mettre les pieds à l’hôpital donne des frissons et une vilaine envie de courir dans l’autre direction. Quand c’est pas une vraie crise de panique.

Pas elle. Elle semblait manquer cette capacité de, c’est quoi le mot? RÉFLÉCHIR.
Et elle nous l’a montré à 3 reprises.

#1 : Son amie (ou sa soeur) entre dans la salle d’attente pour lui parler. Et elle lui annonce : « J’ai décidé de pas me faire piquer. Pas me faire rendre gaga. L’infirmière m’a dit que ça donnait rien, qu’on sentait tout de toute manière. Alors hey, pas question d’être tout croche par-dessus le marché! ».
…dit-elle alors que 4 des 6 personnes présentes dans la salle ont l’intraveineuse prête dans l’avant-bras, justement pour ça! Ce qui signifie qu’ils comptent vraiment que ça va les aider.
Ils n’ont peut-être pas PEUR de l’examen, mais ils n’ont pas besoin d’entendre ça, peu importe que ce soit vrai ou pas (en fait, de ce que j’avais compris quand le médecin m’en avait parlé, c’était pas pour « moins sentir », mais pour diminuer le gag reflex, aider à calmer le réflexe de vomir, elle avait donc mal compris, et ces personnes, souhaitons-le, comprenaient, mais quand même).

#2 : Elle revient de passer l’examen, reçoit un appel et le prend (déjà… ça ne se fait pas). Et elle se met à dire à quel point c’est vraiment le pire examen qu’on peut passer. Qu’elle ne veut plus jamais passer ce test-là. Que c’est l’enfer. Qu’on a la sensation d’étouffer. Et je-sais-plus-quoi encore.
…mais ne se rend-elle pas compte qu’à côté d’elle se trouvent des gens qui s’en vont le passer, ce test? Des gens qui paniquent peut-être à cette idée?

#3 : Quelques minutes plus tard, elle quitte enfin, mais arrête en passant pour discuter avec le préposé. « Non mais vraiment hein? C’est absolument 3 minutes d’enfer! Les pires 3 minutes de ma vie! » et en rajoute, comme ça, pendant un bon deux minutes.
Moi et une autre patiente on s’échangeait des regards découragés. Quelle imbécile.

J’espère vraiment que personne dans la salle ce matin-là n’était anxieux par rapport à l’examen.

C’est simple : pensez à ce que vous diriez si vous y étiez avec un enfant. Il ne s’agit pas de raconter des menteries, mais ça ne se fait pas, de ventiler son anxiété ni dire tout ce qui était affreux de son expérience devant les gens qui sont vulnérables (ou pourraient l’être).
On ne peut pas demander avant « y a-t-il ici des gens que ça inquiète? » avant de se mettre à parler! Alors on ne prends pas de chance et ON SE LA FERME.

J’ai la chance que ça ne m’inquiète pas. Mais je sais que, justement, c’est une chance. Pensez aux autres, bon sens!
Ceci dit… ce fut mon tour.

Et c’est vrai que c’est pas mal l’enfer!
On commence par utiliser de l’aérosol anesthésiant, par 3 fois. Qui goûte BERK. Le dentiste a 10 saveurs de fluorure et de pâte à dent, la science avance partout… mais cet aérosol pourrait pas goûter autre chose? Just sayin’.
Puis on te couche sur le côté et on attend pendant 5min que ça fasse effet.

Et j’ai alors eu un choc : le médecin expliquait à une infirmière (ou l’inverse, j’entendais juste leurs voix) ce qu’était le syndrome d’Ehlers-Danlos! « Oui, c’est une maladie génétique qui atteint les tissus conjonctifs ». Wow!

Ah, en passant, malgré que le gastro-entérologue m’avait indiqué vouloir que je prenne le sédatif pour minimiser mon gag reflex… l’infirmière ne m’en avait pas parlé quand je suis passée dans son bureau… et je n’en ai pas parlé non plus. Moins de médicaments, ça me va.

Une fois la gorge bien gelée, on m’a mis un truc en plastique dans la bouche, pour faire la place pour le tube… et une serviette sous la joue, pour la salive.

…Et ça a commencé.

C’est pas compliqué… le médecin enfile le tube, qui est à peu près gros comme le petit doigt… et dès qu’il atteint le fond de la gorge, tu as des hauts-le-coeur… (c’pas pour rien qu’il faut être à jeûn).
Et ils descendent le tube jusqu’à l’estomac. Où ils soufflent de l’air pour bien voir. …mal d’estomac instantané. Pas un GROS mal d’estomac, mais bon.
Ils poussent encore un peu, jusqu’au duodénum. Et on le sent, le tube. Même là, dans le ventre.
C’est pas douloureux, là. Mais je m’attendais pas à le sentir.
…et on continue les hauts-le-coeur (moi, en tout cas).
Je me sentais comme un chien-qui-fait-pitié. Les yeux qui coulent, la bave qui coule, couchée sur le côté, immobile, avec l’infirmière qui me flattait les cheveux en disant que je faisais bien ça et que ça achevait bientôt…
Et le pire, c’est que j’étais certaine d’avoir l’air plus en détresse que je le ressentais.

Les hauts-le-coeur, on les contrôle pas. Les larmes qui coulent non plus. J’ai le canal lacrymal de l’oeil gauche relié au centre de l’inconfort. On m’épile? J’ai l’oeil gauche qui pleure. Il vente? J’ai l’oeil gauche qui pleure. Il fait froid? L’oeil gauche… Et ainsi de suite.
Je ne pleurais pas de détresse, c’était comme un réflexe.
C’était clairement pas agréable et j’avais vachement hâte que ça finisse. Ça faisait un peu mal et qui aime « vomir du rien » avec un tube dans la gorge? Mais j’étais calme et je savais que ça finirait bien vite.

Et effectivement, rendu là, le médecin a commencé à remonter le tube, et l’a bientôt sorti, et ce fut fini.

Dire que ça a duré deux minutes, c’est généreux.

Par la suite, j’ai pu aller m’habiller, et j’ai attendu 5 minutes environ, puis le médecin elle-même est venue me porter le résultat, avec une copie pour mon médecin de famille.
Et tout était normal (elle me l’avait dit à mesure aussi, pendant l’examen). Pas d’ulcère, pas d’inflammation. Pas de bézoar.
Elle n’a pas parlé de signe de gastroparésie, et je n’ai pas pensé à lui demander. Mais je sais que c’est pas tant la gastroscopie qui est le meilleur moyen de diagnostiquer cela.

J’ai rendez-vous avec le gastro-entérologue à la fin juillet pour discuter de cela.

Après l’examen je devais attendre une heure avant de consommer quoi que ce soit. Même pas le droit à une gomme, puisque l’anesthésiant causait un risque d’étouffement.
Mais j’ai pu dîner normalement, et à part un léger chat dans la gorge pour les heures qui ont suivi et un petit inconfort au niveau de l’estomac jusqu’au lendemain, ce fut tout.
Ah, non… je dirais que mon reflux a été pire les 48 heures suivantes. Mais, quand même… pas pire que ça.

Oui, c’est un des pires examens que j’ai passé.
Pas LE pire. Le pire fut l’arthro-IRM du poignet. Beaucoup plus douloureux, et ça dure plus que 2min.
Et je repasserais malgré tout n’importe quel de ces tests. Parce que ça ne dure pas et que ça vaut la peine.

En comparaison, je suis en crise d’arthrose aujourd’hui… et ça dure pas mal plus longtemps… et ça ne sert absolument à rien.

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