Ce sont des concepts différents… que certains confondent… moi-même, parfois…
Tout le monde a des moments de paresse. On ne se l’avoue pas toujours. C’est tellement mal vu, la paresse!
Parfois aussi, on n’a juste « pas envie ». C’est pas de la paresse… si par exemple, on décide qu’on n’a pas envie d’aller au cinéma, mais qu’on préfère rester à la maison et cuisiner!
Il m’est arrivé, quand j’étais en santé, comme il arrive sûrement à plein de gens, de me trouver des excuses. Pas nécessairement de mentir à d’autres… de me mentir à moi-même… « Je ferai ceci un autre jour, je suis trop fatiguée », puis d’aller faire quelque chose d’encore plus énergivore. Ou de dire à quelqu’un que je ne pouvais pas sortir parce que j’étais trop occupée, ou que j’avais un rhume. Peu importe…
Il y a certainement plusieurs personnes qui pensent que j’utilise souvent le syndrome d’Ehlers-Danlos, maintenant, pour faire la même chose. Repousser à plus tard ce qui ne me tente pas, plutôt que de l’avouer… penser que c’est bien pratique, avoir cette excuse à portée de main, sans argumentation possible…
Pourtant, au contraire… ça m’arrive tellement souvent de devoir annuler ma présence à des événements, de devoir m’empêcher de faire ce que j’ai envie de faire, que si j’ai juste pas envie, je le dis! Et c’est plutôt rare.
Mais ce n’est pas parce que j’ai ces limitations que je n’ai pas le droit d’être paresseuse, de temps en temps! J’ai le droit, comme tout le monde, de regarder ma liste de choses à faire, et de décider que je préfère procrastiner et NE PAS faire mes impôts, ou NE PAS faire de lavage ce jour-là, même si j’en aurais l’énergie… et que je préfère utiliser ma « bonne journée » à faire des trucs qui me plaisent… quitte à risquer ne pas pouvoir faire le truc « sérieux » avant quelques jours.
Ce n’est pas différent que la personne avec conjoint, enfant et emploi, et qui décide un soir de passer quelques heures devant un jeu vidéo plutôt qu’à faire ses comptes, et repousse cet exercice au lendemain, en sachant qu’il y a un risque que ça ne se fasse pas le lendemain comme prévu. Cette personne a peu de temps, et prends la décision de prendre un peu de temps pour elle, et c’est correct. Moi j’ai beaucoup de temps… mais peu d’énergie. Alors parfois je m’accorde le droit à la paresse, comme tout le monde. 🙂
Évidemment, c’est aussi un cercle vicieux… si mes symptômes sont plus présents, que j’ai plus mal, que je suis plus fatiguée… je n’aurai pas très envie de sortir, ou de faire des trucs « sérieux », importants, difficiles pour moi… je serai beaucoup plus « paresseuse ». Si je ne suis pas en grosse crise, je pourrai probablement me pousser à faire quelques-unes de ces choses. Je peux me pousser à sortir, et j’aurai peut-être du plaisir, mais en général j’ai appris que je suis mieux de ne pas me pousser, parce que les conséquences ne le valent pas.
Si je n’en ai pas trop envie (que ce soit naturellement ou à cause de mes symptômes) et que je me force, je dépasse alors ma limite (qui est alors beaucoup plus facile à dépasser), et je paie tellement plus par la suite… et je regrette souvent dans ces moments-là, parce que surviennent des événements auxquels je tenais encore plus, et LÀ je suis clouée au lit, FAIBLE. Pas juste fatiguée, pas juste avec les symptômes plus difficiles, mais carrément incapable de sortir.
Autant parfois je dois m’empêcher de faire des choses dont j’ai envie, pour pouvoir continuer… comme me forcer à prendre des pauses et à ne pas tout utiliser mon énergie lors des bonnes journées, pour continuer d’avoir d’autres bonnes journées… autant lors des journées « moyennes », je dois apprendre à ne pas trop forcer non plus.
J’avais dit que je sortirais, ou que je cuisinerais quelque chose de spécial, mais je suis en crise légère et je me sens fatiguée?
Je pense que je serais capable de faire ce que j’avais dit, en forçant un peu?
Pourquoi forcer? Vraiment, pourquoi?
Pour ne pas être une lâcheuse. Pour ne pas me faire dire que je recule devant une sortie. Pour ne pas qu’on doute de ma sincérité, qu’on pense que je me sers de ma maladie. Pour ne pas que les gens croient que je suis une paresseuse anti-sociale. Pour ne pas me faire dire « tu n’as pas fait ceci, mais tu as fait cela! ».
…et alors je me demande à quoi ça servirait? Pour qui je vis? Si « le monde » va vraiment me lancer des fleurs si je sors, ou cuisine, ou…?
Et si je le fais « en forçant un peu », à quoi je fais face? À ne pas avoir autant de plaisir (ou pas du tout), vu les symptômes auxquels je ferai face. À risquer une grosse crise le lendemain, ayant dépassé la limite. À devoir rater les événements à venir. Événements qui m’intéressent beaucoup plus, MALGRÉ la fatigue.
Donc… je ne force pas, la plupart du temps. Pas si personne ne dépend de ma décision. Pas si je n’en ai pas envie et que je pense plus regretter d’avoir forcé que d’avoir laissé tomber. Ça m’a pris des années à apprendre cette leçon, qui n’est pas encore ancrée. Mais j’y arriverai.
Bref… encore un cas de jonglerie et d’équilibre des forces et des énergies. Encore un cas de culpabilité, au fond…
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